Jean
Luc Roth graveur de formation a une évolution artistique non linéaire.
Son parcours s'articule autour d'une réflexion sur le langage de
la trace et du signe. Ses recherches différentes amènent ce
graveur à travailler sur les conventions de la langue écrite
où les noirs veloutés laissent peu à peu la place à
des terres de Sienne, des ocres. Cette pointe qui taille des sillons sans
fin est une écriture à part entière. Année après
année, il construit son travail autour d'une ligne directrice bien
définie. Il se croise sur cet axe tracé tout au long de ces
années, les idées d'Ecritures, de Traces, d'Archéologie,
de Temps et autres inspirations. Tous ces signes que l'homme lègue
pour construire son histoire.
Des tissus, des sables sont inclus à la matière ; il leur
associe des papiers de Chine, du Népal où de soie qu'il maroufle
comme une deuxième peau au support gravé. Signes, traces s'inscrivent
sur ce support parfois mêlé de sable et autres matériaux.
L'huile, l'acrylique, les pigments, les crayons de couleurs, les encres
les colorent d'une couleur sobre et profonde, une forme faisant penser à
une graine ensemençant quelques territoires, font référence
à la terre fertilisatrice. Le fond et la forme s'harmonisent pour
déifier le temps, ce temps qui s'échappe mais nous offre ces
vestiges retrouvés. Il ne s'agit plus de déchiffrer ces informations
gravées, palimpsestes dont on a perdu le sens mais de redécouvrir
ce que notre mémoire ramènera par bribe.
Sur des papiers recomposés apparaissent des écritures superposées.
Des couches de papiers écrits, translucides, laissent passer le regard
comme des strates géologiques, palimpsestes témoignant du
temps qui s'écoulent. Quelque fois proche d'une écriture nous
paraissant familières, d'autres fois seuls quelques vestiges nous
rappellent une hypothétique forme d'écrit, nous plongeant
vers de lointaines contrées colorées. Certaines peintures
sont envahies par un motif répété à l'infini
flottant sur un arrière-plan riche en références poétiques
concernant les civilisations perdues. D'autres peintures mettent en opposition
des éléments picturaux. Un lien les réunit ou les scinde,
suivant les lectures que le spectateur veut bien en faire. On retrouve ce
lien/séparation sur de sobres papiers noirs que l'on imagine sortis
d'un fourreau. Recouverts de lignes inscrites, ces papiers teintés,
textures suspendues à leur cordelettes suggèrent quelques
anciennes écritures sacrées rappelant des tissus imprimés.
Alors que flottent des éléments anonymes marqués des
signes indéchiffrables, des passerelles écrites, recouvertes
de caractères " rothiens survolent des territoires de peuplades
aujourd'hui oubliées.
Dans les dernières peintures, l'artiste affine de plus en plus son
propre vocabulaire. Il va chercher dans sa mémoire d'autres signes
et, restant fidèle à la gravure, il imprime profondément
les supports de ses traces personnelles. Comme un prolongement à
sa démarche antérieure, il va trouver les mots pour dire son
univers.
ENTRE TEMPS, c'est tel le tirage d'état que fait le graveur pour
vérifier l'avancement de son travail, c'est l'instant précis
où va se figer sur le fil du temps qui passe la représentation
et la possibilité de découvrir un moment privilégié.
Jean Luc Roth revisite cet espace en donnant à cette parenthèse
temporelle une réalité visible, un arrêt pour s'imprégner
et participer à cet instant. Le spectateur a alors tout loisir de
s'imprégner et de vagabonder dans l'espace de cet univers, d'y inventer
l'histoire que ses propres sentiments lui feront imaginer. Il ne s'agit
plus de déchiffrer des informations gravées, des signes où
des traces dont on a perdu le sens mais de redécouvrir ce que notre
mémoire ramènera par bribe.
Comme les pages d'un livre que l'on tourne, objets, peintures où
"livres objets " reflètent à eux seuls cette archéologique
dualité entre le temps et l'écriture, une page est en train
de se tourner.
Jean-Luc
ROTH
4
bis rue Kennedy
57950 MONTIGNY-lès-METZ
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